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Le nombre de tests de dépistage stagne au Québec

Par NTD

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) dit effectuer de 6 000 à 7 000 analyses chaque jour, en moyenne, depuis la mi-mars. Mais depuis une semaine, Québec dévoile moins de 5 000 résultats par jour, qu'ils soient positifs ou négatifs, révèle La Presse. Et dans les faits, certains cas sont considérés comme étant « confirmés » même s'ils ne sont pas testés, sur la base des symptômes et des contacts avec d'autres personnes infectées. 

Cette stagnation, voire cette légère diminution dans le nombre de tests effectués, inquiète les experts qui affirment que cela nuit à la surveillance de la pandémie en plus de soulever de nombreuses questions sur le déconfinement annoncé par le premier ministre François Legault.

« C’est inquiétant, parce qu’on ne voit pas l’augmentation réelle du nombre de cas. On ne teste pas assez pour pouvoir suivre l’évolution de l’épidémie et voir si on arrive à la maîtriser ou non. C’est ça qui est grave », a déclaré la Dre Nimâ Machouf, épidémiologiste à la Clinique médicale urbaine du Quartier latin, à La Presse.

Actuellement, les tests dans la communauté ont été interrompus, indique La Presse. Les tests de dépistage sont donc réservés aux travailleurs de la santé et aux résidents dans les CHSLD, ainsi que lors d'enquêtes épidémiologiques pour comprendre les chaînes de transmission. 

« La capacité des laboratoires est effectivement supérieure à cette demande et il est souhaitable qu’elle le soit, et non l’inverse. Limiter les analyses permet de prioriser les tests pour les travailleurs de la santé, les personnes hébergées en CHSLD, les patients hospitalisés, etc., dans un contexte où les approvisionnements en écouvillons et en réactifs sont limités », a expliqué le MSSS dans un courriel acheminé à La Presse.

Pourtant, l'Ontario augmente chaque jour le nombre de tests effectués. Et les pays comme la Corée du Sud et l'Allemagne ont prouvé que le dépistage massif a contribué à mieux contrôler l'épidémie. Et le Québec s'éloigne de plus en plus de ces exemples. 

« Je pense qu’il faudrait qu’on soit capables de tester plus, mais je ne sais pas si on en est capables actuellement », a affirmé la Dre Caroline Quach-Tranh, pédiatre, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste, responsable de l’unité de prévention et contrôle des infections au CHU Sainte-Justine.

« Si on veut déconfiner et être en mesure de réagir très rapidement si ça repart en flèche, il faudra absolument tester davantage », a-t-elle insisté. 

« Ça nous prend des tests. Le déconfinement va être fait de façon très surveillée. Si on n’a rien qui nous indique si le feu prend quelque part, comment voulez-vous qu’on réajuste le tir et qu’on arrête le déconfinement ? », a questionné pour sa part la Dre Nimâ Machouf. 

De plus, il faudra tester ailleurs que dans les hôpitaux sinon le Québec ne pourra pas détecter d'éventuelles nouvelles vagues avant deux ou trois semaines plus tard. Caroline Quach-Tranh croit qu'il faudra tester de façon aléatoire dans la communauté pour avoir un meilleur portrait, au moins une semaine avant le déconfinement. 

« Ça prend une base, avant de déconfiner, pour savoir d’où on part. Si on déconfine et qu’on change les critères de tests en même temps, c’est sûr qu’on va avoir l’impression que ça augmente de façon exponentielle », a-t-elle indiqué. 

Source: La Presse · Crédit Photo: Adobe Stock