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Un travailleur affirme avoir perdu son amoureuse à cause du nouveau pont Champlain.

Par NTD

Le nouveau pont Champlain est peut-être presque achevé, mais les travailleurs qui ont permis cette réalisation possible auront un nouveau défi à surmonter: se réhabituer à une vie normale. En effet, comme le rapporte le Journal de Québec, de nombreux travailleurs ont dû enchaîner des semaines de 60 à 70 heures par semaine afin d'arriver à atteindre les délais de construction qui avaient été prévus.

Dans une entrevue accordée au Journal de Québec, David Milot, magasinier depuis trois ans et demi sur le mégachantier du pont Champlain, a bien illustré sa réalité ainsi que celle des autres travailleurs qui partageaient son quotidien: "Ce chantier est incroyable, mais ça m’a demandé pas mal de sacrifices, à devoir me lever à 4 h du matin, six ou sept jours par semaine. Heureusement, je n’ai pas d’enfants, mais ma conjointe m’a quitté cette année. On peut dire que le pont m’a pris ma copine."

Les chiffres évoqués par Milot donnent froid dans le dos! En effet, selon le magasinier, celui-ci estime avoir travaillé 3000 heures cette année. En d'autres mots, pour arriver à un tel total, il faut au moins compléter des journées de 8 heures de travail par jour, et ce, en incluant les journées de la fin de semaine. 

L'homme ne cache pas qu'il est très fier du travail accompli par ses collègues et lui, mais en ce moment, on devine que ces employés auront besoin de beaucoup de repos au cours de ces deux semaines de vacances qui arrivent.

Le nouveau pont qui portera le nom officiel de pont Samuel-De Champlain est d'une longueur de 3,4 km. À l'origine, on comptait qu'il soit en activité dès le 21 décembre 2018, mais la date tant attendue a dû récemment être reportée pour juin 2019.

D'ici là, on passera de 1600 travailleurs à 800.

Selon le représentant syndical Sylvain Boivin, les travailleurs qui ont oeuvré sur ce pont en sont très fiers, mais certains ont dû payer un gros prix pour que cela soit possible: "C’est un magnifique projet, mais il a été réalisé en quatre ans, au lieu de cinq ou six ans. Personne n’évalue les dommages collatéraux, comme l’explosion du nombre de divorces. [...] On s’entend qu’après une journée de 10-12 heures de travail dans le vent, le froid ou sous la canicule, t’es pas à ton meilleur quand tu rentres à la maison."

Il faut aussi considérer que parmi tous ces travailleurs, ceux-ci feront bientôt face à un curieux paradoxe, étant donné qu'après plusieurs années à avoir manqué de temps dans leur vie personnelle, ceux-ci risquent désormais d'avoir plus de difficulté à trouver du travail. Toutefois, Sylvain Boivin semble être confiant quant à l'avenir: "Certains travailleront sur le REM [Réseau express métropolitain], mais on espère que, cette fois-ci, les échéanciers ne rendront pas la vie des travailleurs impossible."

Source: Journal de Québec

Crédit Photo: Courtoisie