Gilbert Rozon contre-attaque et menace Julie Snyder et Pénélope McQuade de poursuites en diffamation
On a eu droit à un segment de télévision particulièrement émouvant, mardi soir à La semaine des 4 Julie, alors que Pénélope McQuade et Julie Snyder ont eu une longue discussion sur la récente vague de dénonciations qui a déferlé sur le Québec cet été et sur les progrès qui ont été faits par notre société en matière de violence sexuelle.
Les deux animatrices font l'une comme l'autre partie des femmes qui ont dénoncé Gilbert Rozon dans une enquête conjointe réalisée par le 98,5 FM et Le Devoir en 2017. Sur le plateau du talk-show de fin de soirée de Noovo, les deux femmes sont revenus sur les événements et Julie Snyder a même adressé un message directement à Gilbert Rozon.
En fait, elle répondait à un commentaire fait par Gilbert Rozon il y a quelques mois alors qu'il affirmait ne jamais avoir fait l'amour à une femme qui lui avait dit non de sa vie.
Julie Snyder a tenu à lui dire:
« Moi, je voudrais juste dire à Gilbert Rozon que je n'ai pas pu lui dire non, parce que c'est arrivé pendant que je dormais. Je dormais dans un endroit où il y avait des gens de Juste pour rire, des artistes, des directeurs, des animateurs. Et à un moment donné, tout le monde est parti voir un spectacle, alors moi, je me suis endormie. Et ça s'est passé pendant que je dormais, donc je ne pouvais pas dire non puisqu'on ne me l'a pas demandé. »
Voici un extrait du segment qui a été publié sur les médias sociaux:
Merci @Penelopemcquade de m'avoir donn\u00e9 le courage de \u00ab lib\u00e9rer ma col\u00e8re \u00bb! Ce soir 21h \u00e0 @lasemdes4julie je dis pourquoi je n'ai pu dire non \u00e0 Gilbert Rozon. \u00c0 celles et ceux qui d\u00e9noncent, je vous crois! \u2764\ufe0f pic.twitter.com\/487uIr36ev— Julie Snyder (@snyderjulie) September 30, 2020\n
Vendredi matin, on apprend que Gilbert Rozon nie catégoriquement les faits et a envoyé des mises en demeure aux deux femmes, en leur demandant qu'elles se rétractent. Voici ce que La Presse rapporte à ce sujet:
« Gilbert Rozon a décliné notre demande d’entrevue. Mais par l’entremise de son avocat, Me Raymond Doray, il a indiqué jeudi en fin de journée qu’il niait « catégoriquement » les allégations des deux animatrices.
Me Doray a également informé La Presse que Gilbert Rozon aurait envoyé, jeudi, une mise en demeure à chacune d’entre elles. Il leur donnerait 48 heures pour se rétracter. Si elles ne le font pas, il compte les poursuivre pour diffamation. »
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L'émission de mardi a permis une discussion dure, mais extrêmement importante dans laquelle les deux animatrices ont commenté la récente vague de dénonciations, en plus de parler de Gilbert Rozon et d'expliquer pourquoi leur plainte n'a pas été retenue par la police.
Pénélope McQuade a affirmé:
« Force est de constater, avec la troisième vague de dénonciation qu'on a connue cet été, qu'il y a un bris de confiance énorme entre les victimes et le système judiciaire. Moi, je suis tombée sur des gens formidables qui font leur travail, fait que je pense qu'il y a une grande amélioration du système de police depuis des années. Le système de justice, effectivement, ça, c'est une autre chose. Moi, je suis pour un tribunal spécialisé pour les violences sexuelles et conjugales. On a eu un tribunal de la jeunesse qui a été mis sur pied pour ces raisons-là. En Espagne, ils ont mis un tribunal spécialisé sur pied. Et c'est pas seulement le nombre de plaintes, mais c'est le nombre de condamnations qui a vraiment dramatiquement augmenté. »
Julie Snyder a alors remercié Pénélope McQuade de lui avoir donné le courage d'aller à la police pour raconter son histoire:
« C'est toi qui m'as donné l'impulsion. La première impulsion que j'ai eue de dénoncer, d'aller au poste de police, remplir ma déposition, c'est parce que j'avais vu que toi, t'avais fait comme moi, comme si de rien n'était. »
Pénélope McQuade a alors elle aussi remercié Julie Snyder:
« Merci à toi à ton tour, parce que t'es souvent nommée aussi parmi les quelques femmes qui ont inspiré tant d'autres. Parce que dans les jours qui ont suivi notre dénonciation, il y a des centaines et des centaines et des centaines de femmes et d'hommes sûrement qui ont pris le téléphone et qui ont dénoncé. Et c'est un système complexe. Moi, la première fois qu'un homme m'a mis la main aux fesses, j'avais six ans. La première fois qu'un homme que je ne connaissais pas m'a tâté les seins, j'en avais 12. Puis ça continue comme ça tout au long d'une vie. Donc quand quelque chose nous arrive dans la vingtaine, dans la trentaine, on est tellement habituées. C'est extrêmement cruel et dur à dire, mais on minimise. »
Les deux femmes ont alors expliqué pourquoi leur plainte n'ont pas débouché sur des accusations par de Directeur des poursuites criminelles et pénales. Pénélope McQuade s'est fait dire que l'agression qu'elle avait subie n'était « pas assez grave ». Du côté de Julie Snyder, l'agression qu'elle a dénoncée s'est déroulée en France il y a plus de 20 ans et le délai de prescription en France s'applique. L'agression s'est donc déroulée il y a trop longtemps pour que des accusations puissent être déposées.
Source: La Presse · Crédit Photo: La semaine des 4 Julie