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Quatre fois plus de malades aux soins intensifs que prévu

Par NTD

Alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) avait fait des projections indiquant que le Québec devrait avoir à traiter 1618 cas de COVID-19 en date du 25 mars, la réalité semble correspondre à ces prédictions, car on en compte en fait 1629 pour le moment. Il faudra maintenant mettre les bouchées doubles afin de freiner la courbe de progression, car si les projections continuent de correspondre à la réalité, le Québec pourrait se retrouver avec 18 000 cas ici d’ici le 21 avril. 

La bonne nouvelle, c'est que ces projections ont été produites en partant de la théorie comme quoi aucune mesure de confinement ne serait prise.

Benoît Mâsse, professeur titulaire à l’École de santé publique du département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal, a expliqué à La Presse: "Dans les deux prochaines semaines, on va voir si les mesures qu’on a prises ralentissent cette croissance exponentielle [de nouveaux cas]. Il y a un délai." Le professeur souligne aussi que "des vitesses de propagation du virus ont été déterminées pour chaque jour depuis le temps 0 de la propagation du virus, basées sur les données fournies par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) pour la Chine, la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne".

Les mêmes projections indiquaient qu'on devrait s'attendre à 225 hospitalisations pour le 25 mars, alors qu'en réalité, ce sont 106 Québécois qui sont atteints de la COVID-19 qui se trouvent présentement sur un lit d’hôpital. Toutefois, même si ces chiffres peuvent sembler rassurants, il faut surtout tenir compte du fait que le Québec a un des taux d’hospitalisation par 100 000 habitants parmi les plus élevés au pays.

Pour ce qui est des soins intensifs, on prévoyait que 11 personnes en auraient besoin en date du 25 mars, mais ce sont plutôt 43 Québécois qui sont actuellement sur des lits aux soins intensifs. À cet effet, le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, précise: " Il faut faire très attention aux calculs de proportion quand on est au début. Les débuts d’estimation sont excessivement difficiles parce qu’on n’a pas atteint la stabilité. Si on s’est trompés, puis qu’on en a plus que ce qu’on prévoyait, ce n’est pas ça qui importe."

Le président de la Société des intensivistes du Québec, le Dr Germain Poirier, ajoute: "On a fixé des critères pour admettre quelqu’un aux soins intensifs qui sont plus bas qu’à l’habitude. On a fait ça justement pour faire face à ce virus qu’on connaît encore plus ou moins bien. On a des cas modérés où on se demande de quel côté ça va aller."

Enfin, Benoît Mâsse semble avoir confiance que le Québec parviendra à travers cette crise, mais il demeure toutefois très prudent en soulignant: "Il y aura énormément de pression sur les gouvernements pour qu’ils assouplissent les mesures. On aura de bonnes nouvelles, moins de nouveaux cas, les lits d’hôpitaux se videront et certains feront des pressions pour qu’on relance l’économie. […] Mais si on lève le pied trop rapidement, le virus risque [de se propager] à nouveau et on devra reprendre des mesures du début."

Source: La Presse · Crédit Photo: Adobe Stock