CHSLD: Les Québécois sont-ils vraiment sans coeur?
Alors que la crise sanitaire a été particulièrement sévère dans les CHSLD, les Québécois ont été souvent pointés du doigt pour la manière dont ils traitent leurs parents. Toutefois, certains chiffres avancés dans les médias ne seraient pas justes.
C'est La Presse qui rapporte cette nouvelle qui risque de susciter de nombreuses réactions. En effet, dans sa chronique pour le quotidien, Isabelle Hachey est revenu sur le fait que les Québécois seraient soi-disant sans coeur lorsqu'il s'agit de leurs parents placés en CHSLD. Elle revient notamment sur une statistique qui a fait le tour des médias: 90 % des Québécois ne rendent pas visite à leurs proches qui sont résidents d'un CHSLD. L'animateur Joël Bigot en a parlé sur les ondes de Radio-Canada, la chroniqueuse Denise Bombardier en a aussi parlé dans les colonnes du Journal de Montréal et même la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, en a parlé lors d'un point presse.
Si cette statistique a été relayé à plusieurs reprises, La Presse indique qu'elle n'est pas correcte. Philippe Voyer, professeur de la faculté des sciences infirmières de l’Université Laval, a fait des recherches sur le sujet qui viennent contredire cette statistique. En effet, les résultats de ses recherches, réalisées en 2005, indiquent que 36 % des résidants en CHSLD ont plus de 16 heures de visites par mois, 32 % ont entre 4 et 15 heures et 32 % ont entre 0 et 3 heures de visites par mois. «Il est évident que plus de 10 % des résidants reçoivent de la visite», explique-t-il.
Après avoir démonté cette première statistique, Isabelle Hachey est revenu sur une autre d'entre elles qui dit qu'il y aurait 3 fois plus d'aînés dans les foyers du Québec que dans le reste du pays. Toutefois, là encore, cette donnée est inexacte parce qu'elle ne parle pas des CHSLD, mais des résidences privées pour ainés. «Les gens confondent beaucoup CHSLD et résidences privées. On ne va pas dans un CHSLD par choix», explique le gériatre David Lussier.
Enfin, dans les colonnes de La Presse, Isabelle Hachey a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas retenir que les points négatifs des CHSLD. Une opinion avec laquelle Jean Bottari, préposé aux bénéficiaires depuis plus de 30 ans, est totalement d'accord. « C’est valorisant d’être auprès de ces gens. Ils ont tellement à nous apprendre. Le problème, c’est qu’on n’a pas le temps de les écouter… ». De son côté, François Legault estime que «c’est beau, ce qui peut se passer en CHSLD».
Source: La Presse · Crédit Photo: Unsplash