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Des experts se demandent si le nombre de décès liés à la COVID-19 a vraiment diminué au Québec.

Par NTD

Alors que les derniers bilans quotidiens des décès liés à la COVID-19 par le gouvernement Legault laissent croire qu'on assisterait à une diminution, des experts remettent en doute ces résultats. Pendant ce temps, des épidémiologistes sont plutôt tentés de croire que le Québec pourrait avoir atteint un "plateau".

C'est mardi que le premier ministre François Legault a présenté une courbe des décès dus à la COVID-19 au Québec qui laisse croire qu'on assisterait actuellement à une diminution. Au moment de faire part à la population de cette bonne nouvelle, le premier ministre avait toutefois préféré jouer de prudence en déclarant: "Il faut être prudent avec les chiffres journaliers parce qu’il y a des chiffres qui sont collectés sur un certain nombre de jours, mais ce n’est pas nécessairement des décès des 24 dernières heures. […] Vous voyez quand même une tendance positive, là, c’est-à-dire qu’il y a une diminution quand on les regarde journée par journée."

Pour sa part, Caroline Quach-Thanh, pédiatre, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste, responsable de l’unité de prévention et contrôle des infections au CHU Sainte-Justine, a bien voulu expliquer au journal La Presse pourquoi de nombreux experts remettaient en doute cette prétendue diminution du nombre de décès liés à la COVID-19: "Suivre la courbe des décès de jour en jour… ll est impossible d’en tirer des conclusions. Il faut se garder une petite gêne d’une à deux semaines avant de dire : oui, c’est beau, ça descend. Il faut résister à la tendance d’interpréter les données en temps réel parce qu’on n’est pas capables de faire ça."

On remarque un son de cloche similaire en ce qui concerne Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, qui a souligné: "Avec un délai de déclaration de quelques jours pour les décès, les prévisions basées sur les derniers jours vont bien souvent donner l’impression qu’il y a une tendance à la baisse, même s’il n’y a pas de baisse réelle."

Toutefois, comme le laisse entendre Mâsse, cette diminution pourrait aussi s'expliquer autrement: "Sur la base des décès, des hospitalisations et des patients aux soins intensifs, je pense que nous sommes sur un plateau."

C'est d'ailleurs aussi l'avis de Caroline Quach-Thanh qui a conclu en déclarant: "On sait que les patients restent longtemps aux soins intensifs, observe- t-elle. Si ça baisse, ça veut dire qu’il y a peu de nouvelles admissions et que des gens sortent. Ça, c’est une donnée fiable. Ce ne sont pas de grosses diminutions, mais on a l’air d’avoir stabilisé les choses. Il va falloir suivre ça au cours des prochaines semaines. [...] Quand je regarde ça de façon générale, on a l’air d’être au moins sur un plateau, et possiblement sur une descente. Je ne gagerais pas ma chemise présentement là-dessus, mais oui, c’est positif."

Source: La Presse · Crédit Photo: iStock