Un microbiologiste réputé affirme que la prochaine pandémie pourrait être pire
Le microbiologiste Gary Kobinger, une sommité en infectiologie, a expliqué à ICI Radio-Canada que même si la pandémie en cours nous cause bien des ennuis, il faudra demeurer très vigilant, car d'autres pandémies à venir pourraient être encore pires.
Dans une longue entrevue très intéressante qu'il a accordée à ICI Radio-Canada, Kobinger, qui dirige le Centre de recherche en infectiologie de l'Université Laval, a expliqué: "Des émergences de virus, ça arrive chaque année, chaque mois ou presque, c'est quelque chose qui est commun. Ce qu'on voit moins souvent c'est un virus qui est capable de se répandre au niveau mondial. Ça, c'est plus rare. Ce qu'on voit actuellement, c'est un événement assez rare qu'on voit une fois par cent ans. [...] Mais ça ne veut pas dire que la prochaine pandémie ne sera pas l'année prochaine ou dans cinq ans, dans dix ans, dans cinquante ans ou dans 200 ans! C'est ça la difficulté en maladies infectieuses, c'est qu'on sait que le prochain événement est en route, mais on n'est pas encore capable de bien prédire."
Selon Kobinger, le pire scénario imaginable serait que la prochaine pandémie soit causée par des pathogènes qui évoluent rapidement. Mais comme l'a indiqué le microbiologiste, ce n'est pas le cas en ce qui concerne la COVID-19: "Ce n'est pas le pire scénario en ce moment. C'est un pathogène qui est stable. C'est un virus qui évolue, mais l'évolution n'est pas très rapide. Ça a beaucoup d'avantages pour trouver un vaccin et un traitement, pour la détection, pour le diagnostic. Les pathogènes les plus difficiles et cauchemardesques ce sont ceux qui évoluent rapidement. Du genre que si on fait un vaccin, le pathogène a déjà évolué. Il peut ainsi s'évader du vaccin, du traitement, peut s'évader même du test diagnostique!"
Enfin, même si les prédictions de Kobinger donnent froid dans le dos, ses observations sur la situation actuelle sont beaucoup plus encourageantes:
"Ça va prendre beaucoup plus de temps au virus actuel pour se propager de façon plus importante. Si on avait un taux de propagation de 50 % actuellement, même avec un taux de mortalité de 2 %, on comprend que le nombre de morts serait très élevé. Aussi, actuellement, on ne voit pas les enfants de moins de 5 ou 10 ans avec des taux de mortalité élevés. Souvent, quand on voit les personnes âgées qui succombent, on voit aussi les enfants de moins de 5 ans plus vulnérables. Ce n'est pas le cas actuellement, mais ça aurait pu arriver. Imaginez l'anxiété qui pourrait s'installer et les dégâts que ça ferait si on avait des enfants qui mouraient. Ce ne serait pas la même dynamique que ce qu'on vit actuellement."
Source: ICI Radio-Canada · Crédit Photo: Adobe Stock