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La stratégie de dépistage du Québec durement critiquée par une conseillère de Trudeau

Par NTD

Mona Nemer, la conseillère scientifique en chef du premier ministre du Canada, critique très durement la stratégie de dépistage du Québec. 

« Je me serais attendue à voir un plan, mais je n’ai jamais vu de plan. Et pourtant, je l’ai demandé plusieurs fois », a-t-elle déclaré à Radio-Canada. 

Le gouvernement du Québec a annoncé qu'il allait passer à 14 000 tests de dépistage par jour pour le déconfinement. Mais plusieurs experts de la santé se questionnent quant au plan du gouvernement qui reste flou. De plus, le directeur national de la santé publique le Dr Horacio Arruda, a avoué en point de presse que le Québec effectue en ce moment plutôt 7 000 tests par jour. 

« J’essaie d’avoir l’heure juste, mais je n’y arrive pas », a critiqué Mona Nemer, experte en chimie et cardiologie moléculaire. « Il y a certainement une difficulté dans la communication. Je peux comprendre qu’on n’était pas prêt, mais ça fait maintenant deux mois qu’on en parle. »

« Il y a des enjeux à différents niveaux. Je trouve qu’il y a un peu une mauvaise planification. Quand on s’en va à la guerre, tu calcules tout ce qu’il te faut », a-t-elle insisté. 

Mona Nemer, qui conseille Justin Trudeau, croit que les stratégies de chaque provinces nuisent à l'uniformisation des mesures sanitaires et tant le Québec que l'Ontario ne testent pas assez. 

« Cette situation de crise requiert peut-être une meilleure coordination à travers le pays. C’est une belle occasion pour avoir une stratégie pancanadienne. Il y a des justifications sanitaires et scientifiques », a-t-elle affirmé. 

La capacité de 14 000 tests quotidien reste théorique selon plusieurs experts sur le terrain interrogés par Radio-Canada. 

« Les réactifs [pour l’analyse des prélèvements], on les a au jour le jour. Tout le monde se demande si on en aura assez pour le lendemain », a confié une épidémiologiste d’un hôpital de Montréal, à Radio-Canada, sous le couvert de l'anonymat.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) affirme pour sa part qu'il n'y a aucune pénurie d'équipement pour effectuer les tests de dépistage, mais refuse de dévoiler l'état des stocks. De plus, il y aurait aussi une pénurie de personnel à Montréal pour effectuer les tests. 

« Lorsqu’on dit qu’on a la capacité de faire 14 000 tests, ça veut dire qu’on a assez de machines, d’équipements et de personnel. Mais s’il manque une de ces données, c’est qu’on n’a pas la capacité de le faire », a tranché Mona Nemer.

De plus, selon Mona Nemer, Québec devrait tester les personnes asymptomatiques dans une perspective de retour au travail pour éviter qu'elles contaminent des personnes autour d'elles sans le savoir. 

« Ne pas tester les gens alors qu’ils sont chez eux, c’est correct. Mais maintenant, les gens retournent travailler. Il faudrait même le faire avant de déconfiner, pour avoir une ligne de départ. Il faudrait aussi dépister régulièrement tous ceux qui travaillent dans un CHSLD, ne pas attendre des symptômes », a critiqué Mona Nemer. « On est tout le temps en réaction. Ce qui se passe à Montréal-Nord aurait pu être évité si on avait établi un protocole, si on avait pu tester des travailleurs de la santé avant qu’ils infectent la population. »

Source: Radio-Canada · Crédit Photo: Capture d'écran