Plus de 250 000 Québécois seraient contaminés par la COVID-19, selon une étude montréalaise
Des économistes de l'Université de Montréal estiment que le nombre de cas de la COVID-19 au Canada a été largement sous-estimé. Selon eux, le Québec et l'Ontario compteraient près de 500 000 personnes contaminées alors que les données officielles font plutôt état de 44 146 cas confirmés pour les deux provinces réunies.
Cette différence s'explique en raison d'un dépistage limité au sein de la population. Selon eux, un grand nombre de personnes asymptomatiques ou présentant des symptômes bénins ne sont pas testées.
De plus, le fait que l'Ontario ait 16 608 cas alors que le Québec en a 27 538 soulève de nombreuses questions.
« Les différences entre les cas confirmés reflètent-elles la prévalence réelle ou sont-elles le résultat de normes de test différentes? » a demandé Joshua Lewis, économiste à l'UdeM, qui a réalisé l'analyse avec son collègue Raphaël Godefroy et David Benatia, de l'Institut polytechnique de Paris.
Pour avoir une idée plus claire du portrait réel de la situation, ces experts ont adapté une étude mené sur la prévalence de la COVID-19 aux États-Unis en utilisant les données officielles du Canada.
Ainsi, selon ces estimations, le nombre de cas réel d'infections au Québec aurait été de 256 130 du Québec en date du 22 avril, soit plus de 12 fois le nombre officiel. Et il aurait été de 220 602 en Ontario, soit 18 fois plus que les données officielles.
« Nos résultats montrent comment les différences dans les normes de test entre les provinces peuvent grandement masquer la véritable gravité de l'épidémie », a affirmé Joshua Lewis. « Le nombre réel de personnes infectées au Québec et en Ontario est remarquablement similaire, bien que le Québec ait près de deux fois plus de cas officiellement déclarés. »
« Quelle est l'étendue réelle de la COVID-19 dans la population générale? C'est ce que nous avons besoin de connaître pour avoir une bien meilleure image de la situation », a insisté Joshua Lewis. « C'est important pour les décideurs politiques, qui doivent faire des choix difficiles quant à la durée d'imposition de mesures de distanciation sociale coûteuses. »
« C'est aussi une question qui est très présente dans l'esprit de nombreux Canadiens et Canadiennes », a-t-il ajouté. « Chaque fois que nous nous aventurons au supermarché ou que nous allons nous promener, nous craignons de croiser le chemin d'une personne atteinte du virus. La question est de savoir si nous devons le faire, et dans quelle mesure ».
« Les vrais chiffres nous aideront à décider », a conclu l’économiste.
Source: Université de Montréal · Crédit Photo: Adobe Stock et Unsplash