COVID-19: Les agriculteurs canadiens forcés de congeler près de 90 millions de kilos de pommes de terre
À la suite de la fermeture de nombreux restaurants en raison de la pandémie de coronavirus, les agriculteurs canadiens ont été forcés de congeler près de 90 millions de kilos de pommes de terre destinées à être transformées en frites parce qu’il n’y a personne pour les acheter.
Kevin MacIsaac, directeur général de United Potato Growers of Canada, a expliqué à CTV News que son organisation a contacté les provinces et celle-ci estime que près de 90 kilos de pommes de terre crues excédentaires ont été entreposés en raison de l’urgence sanitaire: "C’est une préoccupation assez importante. Il y a six mois, nous n’avions jamais pensé que cela arriverait. Nous avons eu une assez bonne année en termes de prix, en termes de demande."
Alors que les ventes de croustilles et de pommes de terre fraîches qui sont vendues dans les épiceries ont fait l'objet d'une augmentation des ventes, MacIsaac a déclaré que le problème réside dans toutes les pommes de terre cultivées spécifiquement pour en faire des frites.
Environ les trois quarts des pommes de terre au Canada sont consommés dans les restaurants, qui, selon MacIsaac, sont généralement des établissements à service rapide, comme McDonald’s. Et même si de nombreux services à l'auto restent ouverts, MacIsaac a expliqué qu’ils ne sont pas en mesure de vendre le même volume de nourriture qu'en temps normal: "Nous dépendons vraiment de ces restaurants qui sont fermés en ce moment. Nous devons être en mesure de les racheter."
Pour ajouter à leurs malheurs, les producteurs de pommes de terre ont eu du mal à trouver suffisamment d’espace de congélation pour stocker leurs cultures excédentaires: "L'entreposage du congélateur dans les usines est assez bien plein. Il n’y a pas beaucoup de place pour que ces usines fonctionnent plus longtemps."
S’il n’y a pas assez d’espace de congélation, MacIsaac a indiqué que les producteurs essaieront de retarder la transformation des pommes de terre en frites aussi longtemps qu’ils le peuvent.
Pour éviter le gaspillage alimentaire, les producteurs font des dons aux banques alimentaires de la plupart des provinces, mais M. MacIsaac a déclaré que la logistique de l’emballage et du transport de gros volumes de pommes de terre peut être difficile en ces temps déjà difficiles.
Cette problématique de la conservation des pommes de terre, qui peut durer jusqu’à un an si elles sont traitées et congelées correctement, pèse lourdement sur Stan Wiebe, un producteur de pommes de terre du Manitoba: "Les pommes de terre sont une denrée fragile. On ne peut pas stocker les pommes de terre indéfiniment."
La famille de Wiebe a été forcée de suspendre ses activités dans leur ferme près de Macgregor, au Canada, parce qu’il estime que 70% du marché a disparu.
À la suite de la crise, le Conseil canadien de la pomme de terre, avec l’appui de l’organisation de MacIsaac, a contacté le bureau de la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, la semaine dernière pour demander une intervention fédérale pour protéger l’industrie.
MacIsaac a dit qu’ils attendaient toujours des réponses du bureau du ministre, mais il espère que le soutien financier est en cours.
Enfin, MacIsaac a conclu en déclarant: "Je sais que les journées sont chargées au gouvernement fédéral, alors nous espérons que le jour viendra."
Source: CTV News · Crédit Photo: iStock