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«Il faut être bien naïf pour penser que tout va bien et que tout ira bien», avoue une «infirmière à bout»

Par NTD

Une infirmière se disant "à bout" a partagé un troublant témoignage, alors qu'elle a été assignée à prêter main-forte dans un CHSLD.

Le témoignage de l'infirmière nommée Sandrine Valence-Lanoue est littéralement à glacer le sang.

La jeune femme qui pratique son métier d'infirmière en natalité depuis maintenant 10 mois et qui a été formée en pédiatrie dans le dernier mois avoue qu'elle redoutait de devoir apporter son soutien dans un CHLSD, mais elle n'en a pas vraiment eu le choix, comme elle l'a expliqué: "Mercredi 15 avril, 17h15, je reçois un appel de ma boss. Son ton est lourd, mon coeur bat vite. “oh mon doux, qu’est-ce que j’ai fait? J’espère que c’est pas une mauvaise nouvelle...” On vient d’imposer le temps complet à toutes les infirmières, on m’appelle tous les jours durant ma nuit pour changer mon horaire, on pourrait m’annoncer quoi de pire? [...] “Pour quand mon transfert?” que je demande à ma boss en essayant de former des phrases claires entre mes sanglots. “Ce soir même.” Refuser d’y aller? Ça veut dire être congédiée. “Jusqu’à quand?” On me répond jusqu’à la fin de la crise. La réponse la plus vague qu’on m’a jamais répondue."

Posted by Sandrine Valence-Lanoue on Thursday, March 14, 2019

La suite de son récit est à glacer le sang. Dès la première nuit, l'infirmière est plongée en plein cauchemar: "Au moment où je mets les pieds dans le poste infirmière, l’équipe de soir composée entièrement de renfort de mon CISSS qui est complètement submergé par ce qu’elles viennent de vivre comme shift, me “garroche” un téléphone dans les mains. “C’est toi l’infirmière? Tiens, ça tu le gardes en tout temps sur toi, n’importe qui peut t’appeler, t’as intérêt à répondre, c’est toi qui gère.” Ça tourne autour de moi, tout le monde crie, essaie de comprendre où ils sont, ce qu’ils doivent faire. 30 secondes passent, je reçois un appel. Une voix hurle, clairement écoeurée et dépassée. “allo? C’est toi l’infirmière, right? Elle est où notre relève au 2e étage??? Envoyez-là pis toute suite parce que nous on a hâte de crisser notre camp.” Je m’obstine pendant 2 minutes en essayant de faire comprendre que je ne sais pas plus, je ne connais rien de la place. Je panique, je “garroche” à mon tour le téléphone à quelqu’un qui semble plus si connaître. La situation semble se régler. J’apprends ensuite qu’une formation dans ce temps de crise est beaucoup trop demandée. Une conseillère en soins infirmiers, mon ange gardienne à moi, tente de démêler avec moi les différentes tâches que je dois exécuter pour mon shift de nuit. Elle quitte après deux heures."

Posted by Sandrine Valence-Lanoue on Sunday, November 5, 2017

Mais si Sandrine Valence-Lanoue a décidé de partager ce récit troublant, c'est avant tout afin de faire comprendre à la population que la situation dans les CHSLD est extrêmement sérieuse: "À ceux qui se plaignent d’être confinés à la maison et qui oseront nous dire “ça va bien aller”, je vous réponds NON. Il faut être bien naïf pour penser que tout va bien et que tout ira bien. Mes patients auxquels je m’attache décompensent un après l’autre. En ayant été quelques jours sur l’unité COVID j’ai pu les voir dépérir à vue d’oeil. J’entre à chacun de mes quarts de travail avec la peur au ventre de devoir appeler la famille d’un patient pour leur annoncer la mort de leur proche. Car oui, cela fait aussi partie de mes nouvelles tâches. 

Posted by Sandrine Valence-Lanoue on Wednesday, April 19, 2017

Enfin, l'infirmière lance un dernier message aux internautes en déclarant: "Je vous dis donc à vous qui semblez vivre le cauchemar du confinement à la maison d’aller faire du bénévolat et d’appeler vos proches. Dites-leur que vous les aimez. Les quelques patients qui n’étaient pas confus m’ont donné plus d’amour que j’en ai reçu dans toute l’année. Leur coeur est gros, est beau."

Voici le récit complet de Sandrine Valence-Lanoue:

Un message d\u2019une autre, ben oui ENCORE, infirmi\u00e8re \u00e0 bout, qui ne compte plus le nombre de couteaux qu\u2019on lieu \u00e0 planter...Posted by Sandrine Valence-Lanoue on Tuesday, April 21, 2020

Source: Facebook · Crédit Photo: Facebook