Le retour à l'école serait plus risqué pour tout le personnel que pour les enfants

Depuis que le gouvernement Legault a récemment laissé entendre que l'école pourrait reprendre avant le 4 mai, cette annonce a causé beaucoup d'inquiétude chez la population et de nombreux experts ont expliqué qu'une telle décision pourrait mettre en danger la vie de plusieurs travailleurs.

Bien que les spécialistes soient généralement d'accord comme quoi la santé et la sécurité des enfants ne seraient pas en péril dans l'éventualité où l'on procéderait à une réouverture des écoles, la situation n'est pas du tout la même en ce qui concerne de nombreux travailleurs.

À cet effet, Caroline Quach, pédiatre, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste, responsable de l’unité de prévention et contrôle des infections au CHU Sainte-Justine, a expliqué à La Presse que pour le moment, aucun décès en lien avec la COVID-19 chez les 0 à 9 ans n'a été observé: "Pour le moment, les enfants qui sont infectés développent des symptômes très légers. Notre hôpital est vide. [...] Il faudra rouvrir les écoles éventuellement, on ne peut pas les laisser fermées deux ans, le temps de trouver un vaccin. Et ce n’est pas complètement farfelu de penser les rouvrir maintenant plutôt qu’en septembre."

Une telle stratégie ferait en sorte que le virus aurait de trois à quatre semaines pour circuler avant la fin des classes, ce qui pourrait favoriser une immunité de groupe, comme l'a expliqué la pédiatre: "Puis, pendant les vacances d’été, les enfants sont dehors, et le virus survit moins bien à la chaleur et à l’humidité. C’est pourquoi on a toujours moins de virus respiratoires en été. [...] Actuellement, 1 à 2 % de la population est infectée. Il faut atteindre 60 à 70 % pour avoir une bonne immunité de groupe, pour que l’éclosion s’arrête."

Toutefois, Nimâ Machouf, épidémiologiste à la Clinique du Quartier latin et chargée de cours à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, se montre beaucoup plus prudente en déclarant: "Chez l’enfant, c’est un mal banal. Mais pour ouvrir les écoles, il faut mobiliser des enseignants, du personnel administratif. Ça prend des transports en commun. Ça signifie beaucoup de gens qui vont peut-être développer la maladie, et seront peut-être en contact avec des personnes vulnérables qui vont développer la maladie. [...] Si on regarde ce qui se passe en Chine, les écoles ont rouvert leurs portes un mois et demi après qu’on a atteint un plateau dans le nombre de cas."

Il faudra attendre encore bien des mois avant de pouvoir savoir si la stratégie employée par la Chine s'est vraiment avérée efficace, mais comme le souligne l'épidémiologiste, même si le pic des infections était atteint vers le 18 avril, le 4 mai serait encore trop tôt afin de procéder à une réouverture des écoles: "Donc le plateau pourrait être vers le 4 mai. Si on calcule un mois et demi, ça signifie que les écoles devraient donc rouvrir à la fin de juin."

Source: La Presse · Crédit Photo: Capture d'écran