Un réanimateur s'emporte et brise le silence concernant son quotidien

Alors que les membres du personnel soignant sont en première ligne lors de cette crise sanitaire exceptionnelle, un réanimateur a décidé de se confier sur son quotidien afin de montrer ce qu'il vit  au cours de cette période qui a littéralement bouleversé sa vie.

C'est Le Parisien qui rapporte l'histoire de ce réanimateur qui a tenu à garder l'anonymat. Celui qui est interne dans un hôpital d'Île-de-France a partagé avec le quotidien son journal de bord où il raconte plusieurs de ces journées. Entre stress, fatigue et beau geste de certains citoyens, il revient sur cette crise sanitaire qui est en train de changer sa vie. On y apprend notamment la première question qu'il se pose en arrivant à l'hôpital: «Y a-t-il eu des décès dans la nuit? ».

Il en profite pour revenir sur le manque de matériel médical qui peut toucher certains hôpitaux. «Les patients en réanimation ont tout ce qu'il faut. Mais dans d'autres services, c'est plus compliqué (...) On passe la journée à chercher du matériel, en soignant en parallèle. On fouille la réserve des urgences, des services, du Samu, de la pharmacie… On racle les fonds de tiroirs pour trouver des câbles, des raccords. C'est usant, mais il le faut».

Il explique également que les membres du personnel soignant sont tellement débordés de travail qu’ils ne prennent pas le temps de manger. «Vu la charge de travail, les personnels paramédicaux ont oublié de manger, moi aussi d'ailleurs. Les prochains jours, je les enverrai à tour de rôle. Il faut préserver les organismes». Il en profite pour revenir sur le fait de stimuler son corps avec des médicaments pour tenir ce rythme éreintant. «Je me shoote au Guronsan. Sans ça, impossible de démarrer le matin». 

Le Parisien indique qu’il se pose beaucoup de questions, notamment sur quand est-ce que ces centaines de décès quotidien vont s'arrêter. «Quand viendra le premier jour sans décès ? Ce n'est pas du tout d'actualité, mais ce jour-là, il y aura de l'espoir», se questionne ce médecin qui peut passer par toutes les émotions en l'espace d'une journée.

Il finit par partager une anecdote qui démontre à quel point cette crise sanitaire crée un élan de solidarité chez certaines personnes. «Un dimanche aux urgences, il faut garder les rituels. Le senior qui offre le petit-déjeuner, c'est une vieille tradition de l'hôpital. Je vais à la boulangerie, la commerçante me fait une réduction. J'ai soigné sa fille il y a deux ans, ça crée des liens. Un client demande à régler la note pour les soignants, ça fait frissonner cette générosité».

Source: Le Parisien · Crédit Photo: Unsplash