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Un philosophe lance un avertissement à la population: “Non, tout n’ira pas bien si on continue comme on le fait.”

Par NTD

Le philosophe Alain Deneault a lancé un puissant message à la population en l'avertissant notamment que plusieurs défis l'attendraient à la suite de la pandémie de la COVID-19.

C'est lors de son passage à l'émission Désaultels le dimanche que le professeur de philosophie à l’Université de Moncton a déclaré au sujet de la pandémie qui frappe la planète que "non, tout n’ira pas bien si on continue comme on l’a fait. C’est la leçon qu’il faut tirer, il ne faut pas se fermer les yeux en disant : tenons bon et bientôt tout continuera comme avant. [...] C’est un moment existentiel, c’est un moment aussi intellectuel où on peut collectivement se demander d’où on vient et où on va. Et qu’est-ce qu’on fait, comment on s’organise et comment s’explique la crise dans laquelle on est?"

Selon Alain Deneault, la "pause" qui a été imposée à une grande partie de la population est une occasion unique pour tout un chacun de reconsidérer sa vie d'avant: "Il est bon que la planète fasse une halte. On se rend compte qu’on est malheureux au travail très souvent. En témoignent le recours aux psychotropes, l’alcoolisme et grand nombre de phénomènes sociaux qu’on observe."

Le philosophe a notamment rappelé les enjeux importants qui nous préoccupaient avant que la pandémie ne survienne: "On voit que la planète ne peut continuer à soutenir ce qu’on exige d’elle au titre du capitalisme. Ce régime dans lequel on est, de toute façon, ne pourra pas durer. Il n’y aura pas éternellement des écosystèmes capables de subir les assauts de la grande industrie, il n’y aura pas continuellement des richesses naturelles, dans le domaine énergétique ou minier, capables de satisfaire une demande absolument goulue, absolument folle. [...] On a énormément de signes qui montrent que, non, tout n’ira pas bien si on continue comme on le fait. Il faut vraiment saisir cette occasion pour travailler à une régionalisation des modes d’organisation et à une modération de notre rapport à la consommation."

Comme l'a souligné Deneault, il faudra adopter de nouveaux paradigmes en tant que société si l'on souhaite que l'humanité puisse continuer de vivre sur cette planète. D'ailleurs, ce qu'il appelle "le tourisme de masse" pourrait devenir moins fréquent, tandis que chaque nation devra reconsidérer redéfinir l’économie de manière à ce qu’elle soit au service de la population, étant donné que pour le moment, "il est à peu près impossible de penser une action sociale sans se définir par rapport à un marché qui est largement organisé pour satisfaire les détenteurs de capitaux et cette classe de grands actionnaires".

Enfin, le philosophe a terminé en précisant que "ce rapport-là au monde est l’occasion de développer des compétences, des talents, de se révéler à soi-même, de prendre conscience d’atouts et de forces qu’on a et qui sont aujourd’hui étouffés dans un rapport au marché qui est totalement aliénant, qui est infantilisant, et qui consiste toujours à produire à un rythme fou des produits dont, souvent, on n’a pas vraiment besoin, qui sont polluants, auprès d’un public qui n’en veut pas vraiment et qu’il faut convaincre, et séduire par l’appât du marketing, d’acheter, dans une sorte de grand délire auquel il faudra mettre fin".

Source: ICI Radio-Canada · Crédit Photo: Lëa-Kim Châteauneuf / WikiMédia