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Une «pénurie réelle» de médicaments inquiète les experts

Par NTD

Le salbutamol, le médicament qu’on retrouve dans la pompe bleue utilisée par les asthmatiques, est officiellement classé au Canada dans la catégorie "pénurie réelle" depuis le 18 mars dernier.

Selon ce qu'a indiqué son fabricant, la pharmaceutique Apotex, il faudra se préparer à "une allocation de quantités très limitées jusqu’en juin".

La pénurie s'explique notamment par deux facteurs. En premier lieu, il faut comprendre que plusieurs asthmatiques ont voulu faire des réserves par crainte d'en manquer en prévision de la période de confinement, mais aussi, en raison de son utilisation accrue dans les hôpitaux pour les patients qui souffrent de la COVID-19.

À cet effet, l'experte en pharmaceutique Kelly Grindrod, qui est professeure à l’Université de Waterloo, a expliqué à ICI Radio-Canada: "Aujourd'hui, c'est du salbutamol, demain ça va être autre chose. Nous avions déjà des pénuries de médicaments au Canada, et maintenant la COVID-19 semble les amplifier, les aggraver."

Du côté de la Société canadienne des pharmaciens d'hôpitaux (SCPH), les experts semblent être du même avis. Christina Adams, pharmacienne en chef de la SCPH, a expliqué que le propofol pourrait bientôt faire l'objet d'une problématique similaire: "Il y a une possibilité très réelle de pénurie avec certains des médicaments qui sont utilisés sur des patients sous respirateur. Ce ne sera pas facile de trouver plus d’approvisionnement, car les autres pays ont aussi besoin de ce médicament."

Alors que des hôpitaux canadiens en sont déjà venus à rationner leurs réserves de propofol, un autre problème majeur s'ajoute à la situation déjà complexe, comme l'a expliqué Adams en soulignant qu'il "peut s’écouler de 5 à 6 mois à partir du moment où la commande est passée jusqu’à ce qu’elle arrive sur le marché".

Pour le moment, la solution la plus efficace afin de remédier à ce problème très inquiétant est de poursuivre les mesures de confinement et de distanciation sociale, comme l'a affirmé Michel Robidoux, qui est PDG de la pharmaceutique Sandoz: "Depuis deux semaines, on a vu les hôpitaux changer leurs habitudes d’achats et de consommation. [...] Tous les hôpitaux nous ont demandé d’acheter immédiatement deux mois d’inventaire habituel, plutôt que quelques jours."

Source: ICI Radio-Canada · Crédit Photo: Adobe Stock