Coronavirus: Chen Qiushi qui documentait ce qui se passe à Wuhan est disparu, selon sa famille
Chen Qiushi, un avocat spécialisé dans les droits humains qui a décidé de se reconvertir en reporter afin de rendre compte de la quarantaine imposée à Wuhan en raison du coronavirus, serait disparu selon sa famille. L'activiste avait récemment déclaré dans une de ses dernières vidéos que la police enquêtait à son sujet.
Peu avant que la ville de Wuhan ne soit placée en quarantaine, Qiushi a sauté dans le dernier train qui s'y rendait, et ce, dans l'objectif bien précis d'informer la population à propos de la situation en cours.
Il s'agissait là d'une aventure hautement risquée en Chine, puisque l'avocat et activiste ne dispose pas du certificat officiel nécessaire en Chine pour faire du journalisme.
Dans une vidéo publiée par la mère de Qiushi, celle-ci a déclaré qu'elle n'avait plus de nouvelles de son fils depuis plus de 24 heures, ce qui inquiète plusieurs de ses proches, mais aussi, de nombreux internautes pour qui il était une source d'information très importante.
Dès le début de sa démarche, Qiushi n'avait pas caché ses intentions en expliquant: "Ce que je vais essayer de faire, c’est d’utiliser ma caméra pour témoigner et rendre compte en personne de ce qui se passe à Wuhan au sujet de la lutte contre l’épidémie. Et c’est aussi ma volonté de transmettre au monde extérieur les messages des citoyens de Wuhan".
Au cours des derniers jours, Qiushi avait exposé la situation en cours à Wuhan dans plusieurs vidéos où il se rendait dans les rues de la ville, et plus particulièrement dans les points chauds où on tente de maîtriser l'épidémie.
Dans une de ses vidéos, Qiushi avait filmé un vieil homme décédé dans un fauteuil roulant, alors qu'une femme tentait désespérément d'obtenir de l'aide pour qu'on recueille le corps du pauvre homme. L'avocat et activiste avait d'ailleurs confié aux internautes: "J’ai vu des corps pas mal de fois ces derniers jours, et ça m’a rendu triste. J’ai vu deux corps à l’hôpital. L’un était allongé dans le couloir et l’autre aux urgences, en train d’être mis dans un sac par les infirmières".
D'autres vidéos de Qiushi témoignaient des tensions extrêmes qui semblent survenir fréquemment dans les hôpitaux et autres établissements transformés temporairement afin de répondre à la crise. En faisant référence aux images qu'il avait filmées au parc des expositions de Wuhan, un des établissements dont la vocation a été changée afin d'y accueillir des patients, Qiushi avait révélé: "J’ai montré ces images à un médecin local. Selon lui, ces espaces semi-fermés ne sont pas appropriés, car s’y côtoient des patients pour qui l’infection est confirmée et d’autres pour qui elle est seulement suspectée".
Qiushi avait fait part de ses inquiétudes dans une de ses dernières vidéos en dénonçant les autorités chinoises: "La police de ma ville natale a rendu visite à mes parents car ils n’arrivaient pas à me retrouver. Mais ils n’ont pas osé venir à Wuhan. En revanche, ils ont “éduqué” mes parents pour qu’ils me demandent de ne pas trop critiquer le gouvernement. Si je révèle où je suis, il y a un risque d’arrestation".
Enfin, alors que l'organisation Amnesty International a révélé que "Le gouvernement chinois s’en prend aux personnes qui tentent de partager sur les réseaux sociaux des informations sur le coronavirus", Qiushi avait déclaré dans une vidéo publiée le 30 janvier: "Tu ne me fais pas peur, putain de parti communiste chinois!".
Source: L'Obs · Crédit Photo: Capture d'écran