Une femme trans de Val-David doit fermer son café vegan en raison de menaces.
À Val-David, une femme trans a été obligée de prendre la difficile décision de procéder à la fermeture de son café vegan en raison de menaces à son sujet.
Sophia Banks avait décidé de s'installer avec sa conjointe dans cette municipalité des Laurentides afin d'y ouvrir un restaurant qui ne servirait que des repas de type cabane à sucre exempt de produit d’origine animale.
Le restaurant avait été en activité de février 2019 à avril, puis suite à une pause, le commerce avait rouvert ses portes en juin, le temps d'y effectuer quelques rénovations.
Au cours de ses premiers mois d'activité, le restaurant avait profité d'une belle visibilité, notamment en raison de son approche vegan, mais aussi, parce que les employés gagnaient un salaire horaire de 25 dollars.
La propriétaire Sophia Banks n'avait pas caché avoir subi un changement de sexe sans toutefois insister sur cette information.
Mais voilà qu'en juin, au moment de la réouverture, des citoyens ont visiblement considéré qu'il ne s'agissait pas d'un simple détail, étant donné le cauchemar qu'ils ont fait subir aux propriétaires du commerce.
Sophia Banks a expliqué à La Presse: "Au début, on pensait que c’était juste des adolescents du village qui cherchaient une manière de se désennuyer. Mais dès la deuxième semaine, on s’est fait défoncer et voler… c’était comme ça chaque semaine ou deux semaines. [...] Je ne sais pas quelles étaient les motivations des vandales. Est-ce qu’on a été visées parce qu’on a un café vegan, parce que je suis trans, parce que je suis anglophone ou c’est une combinaison de tout ça ? "
Puis, les choses deviennent encore plus inquiétantes en août lorsque Sophia Banks publie sur son compte Twitter personnel un message critiquant la loi sur la laïcité (loi 21).
À partir de ce moment, les actes de vandalisme s'aggravent et le couple ne se sent plus du tout en sécurité, ce qui motive les deux femmes à partir s'installer en Colombie-Britannique. Elles prévoient déménager dans deux semaines: "Je suis arrivée à un point où chaque matin, je souffrais d’anxiété et d’attaque de panique à l’idée qu’une fenêtre soit encore cassée".
Du côté de Kathy Poulin, la mairesse de Val-David, celle-ci se dit navrée que le couple n'ait pas signalé ces incidents à la police. Le couple prétend ne pas faire confiance aux forces de l’ordre pour faire cesser les actes de vandalisme, un avis qui n'est pas partagé par la mairesse qui déclare: "Je lui ai précisé qu’il était nécessaire de faire un rapport à la police pour pouvoir entamer une enquête officielle. La police, c’est l’organisme officiel pour traiter ce genre de situation".
Enfin, la mairesse dit continuer de croire que ces actes ne sont pas l'oeuvre de citoyens de Val-David tout en ajoutant: "Ce que je déplore, c’est qu’on en soit rendu là en tant que société. Que des gens craignent pour leur vie parce qu’ils expriment leurs opinions, c’est inacceptable."
Source: La Presse
Crédit Photo: Courtoisie