Une adolescente de Victoriaville sauvée d’un mariage forcé
La Presse a raconté les détails d'une histoire troublante ce lundi à propos d'une adolescente de 15 ans qui s'est sauvée d'un mariage forcé qui devait avoir lieu à Victoriaville cet été. C'est à l'émission de Paul Arcand, sur les ondes du 98,5 FM, que l'histoire avait été révélée vendredi dernier.
La jeune fille ne voulait pas se marier et elle a dû faire des démarches judiciaires pour demander à être placée en foyer d'accueil jusqu'à ses 18 ans pour échapper à sa famille et à son fiancé.
« Ma famille veut me frapper, ma famille veut me frapper », a répété la jeune fille qui s'était sauvée pour se cacher chez une famille de réfugiés, sans cogner, en avril 2019.
Six personnes sont entrés dans le logement, poursuivant la jeune fille. Il y avait la mère de l'adolescente, ses frères, son futur mari dans la vingtaine et deux amis du fiancé.
Alors que la mère hurlait « Je veux ma fille ! », le futur mari de l'adolescente donnait des coups dans la porte de la chambre verrouillée où elle s'était cachée. Même une fois la porte défoncée, la jeune fille tentait de repousser sa famille.
La famille de réfugiés qui résidait dans l'appartement a décidé de s'interposer entre l'adolescente et sa famille.
« Les policiers ont été appelés pour une altercation impliquant une vingtaine de personnes », a confirmé la Sûreté du Québec à La Presse. « Après avoir démêlé un peu l’histoire, les policiers ont fait un signalement à la direction de la protection de la jeunesse. »
Selon les autorités, la sécurité de la jeune fille et son développement étaient menacés.
En cour, il a été révélé que la famille avait promis leur fille à un jeune homme en échange de plusieurs milliers de dollars. Un imam avait même signé le contrat de mariage en 2018 alors que l'adolescente n'avait que 15 ans. Le fiancé était très contrôlant, d'après le 98,5 FM et le futur mari voulait forcer la jeune fille à porter le hijab.
« Elle décrit son fiancé comme étant très contrôlant. Il décide de ce qu’elle porte, du choix de ses amies, il refuse qu’elle se maquille, il exige qu’elle soit toujours avec lui lorsqu’elle n’est pas à l’école, il décide de ses sorties, il l’empêche de parler à des gens et l’oblige aussi à porter le hijab », a détaillé le juge de la Cour du Québec Bruno Langelier, dans son jugement daté du 18 juillet dernier, selon les informations de La Presse.
Le juge a refusé de donner raison aux parents et au fiancé de l'adolescente qui disaient vouloir appliquer les traditions de leur pays d'origine.
« Ces coutumes ne peuvent prévaloir dans la province de Québec. Il n’y a qu’une règle de droit et elle s’applique à tous les résidants du territoire de cette province », a tranché le juge. « Cette adolescente est en droit de s’émanciper et d’aspirer à des réalisations personnelles des plus légitimes que sont de marier quelqu’un qu’elle aime, de vouloir exercer une profession, de décider de sa tenue vestimentaire et de ses fréquentations. Elle a droit à sa liberté de conscience, de religion, de pouvoir être libre de décider de son avenir, et de ne pas être soumise à un fiancé qui contrôle tout et qui l’oblige à porter le hijab. Elle veut être libre et s’affranchir du diktat des hommes qui l’entourent. »
Les parents n'ont pas souhaité porté leur cause en appel.
L'adolescente qui a maintenant 16 ans vit dans un endroit qui est gardé secret pour sa propre protection. La famille de réfugiés n'a plus de contacts avec elle, mais ils sont contents d'avoir pu l'aider.
Source: La Presse
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