Forcés de rester au bureau, les inspecteurs du gouvernement du Québec dépriment
Une récente étude a démontré que près d'un inspecteur de la fonction publique québécoise sur deux songe quitter son emploi.
Comme l'indiquent les journalistes de Radio-Canada, les fonctionnaires doivent pratiquer de plus en plus d'inspections à distance, et ainsi, on a constaté une diminution de 30% des inspections de terrain entre 2010-2011 et 2018-2019 auprès du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).
L'un des 294 inspecteurs du ministère de l'Environnement a expliqué au Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ): "[Avant], j'étais sur la route deux ou trois fois par semaine. Alors que là, je sors une à deux fois par mois."
Un autre collègue du ministère de l'Agriculture ajoute: "La qualité du travail n'est pas reconnue. Je n'en fais plus du travail en aval. Je fais juste éteindre des feux".
L'étude a démontré que 71 % des répondants considéraient que les restrictions budgétaires ont nui à leur travail au cours des dernières années tandis que 42 % des inspecteurs répondants cherchaient un autre emploi.
Selon Christian Daigle, président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, il y a un sérieux déséquilibre entre les ambitions du gouvernement et les moyens qu'il se donne afin d'y arriver: "On crée beaucoup de lois et de nouveaux règlements, mais on n'ajoute pas les inspecteurs pour faire ces vérifications-là."
Du côté du porte-parole du ministère de l'Environnement, Frédéric Fournier déclare: "Les inspections sont réalisées de manière prioritaire dans les secteurs à plus forte probabilité de non-conformité permettant d’agir dans les secteurs où les impacts environnementaux sont les plus importants."
Un inspecteur de la Commission des transports du Québec (CTQ) semble toutefois être de l'avis de ses collègues: "C'est compliqué de faire des téléphones, parce que, justement, les documents, souvent on ne les a pas. [...] Alors que quand je suis en entreprise : "Montre-moi ça". Je sors le document, et puis je regarde. [...] C'est plus efficace en visite, vraiment. [...] Sinon, ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent. Tu ne l'as pas devant toi."
Enfin, même son de cloche du côté de la Régie du bâtiment du Québec comme le démontrent les propos d'un inspecteur:Maintenant, je ne fais plus de chantiers. Je fais seulement des signalements. [...] Avant, on faisait le sujet de la plainte, bien entendu, mais chemin faisant, si tu voyais une porte [issue de secours] qui était barricadée, tu la notais, tu la mettais sur l’avis de correction. Aujourd’hui, tu vois une porte barricadée? Si ça ne fait pas partie de la plainte, tu ne le dis pas! Moi, ma conscience n'est pas bien avec ça."
Source: ICI Radio-Canada
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