La fondation Bardot diffuse des images insupportables d'un abattoir
La Fondation Brigitte Bardot semble bien décidée à se battre contre les pratiques qui surviennent actuellement dans les abattoirs, car en plus d'avoir publié une vidéo très troublante à cet effet, l'organisation a aussi envoyé une lettre adressée à Emmanuel Macron.
La vidéo très perturbante à propos des façons de faire dans les abattoirs a été filmées à Rodez (Aveyron) au début de décembre 2018.
Les images sont très difficiles à regarder et elles montrent notamment des bovins abattus sans étourdissement.
Le système utilisé dans les abattoirs fait en sorte que les bêtes sont piégés dans des machines d’où ils voient les restes d’autres bêtes, ce qui génère chez elles un fort stress.
Tout en précisant que cette façon de faire n'est pas illégal, la Fondation a toutefois indiqué que ces images révélaient "l’horreur quotidienne et la souffrance des bêtes égorgées en pleine conscience".
Outre la vidéo controversée, la Fondation Brigitte Bardot a aussi envoyé une lettre à l'attention d'Emmanuel Macron.
Dans la lettre signée par la célèbre comédienne, celle-ci a notamment interpellé Emmanuel Macron afin qu'il mette à profit le pouvoir qui lui était consacré: "La réglementation européenne et nationale exige l’étourdissement des bêtes avant leur abattage. La dérogation prise en France par décret, pour l’abattage halal et casher, doit être abrogée… Vous en avez le pouvoir !"
Voici la lettre en question:
"Monsieur le Président,
Sept mois après notre entretien à l’Elysée, qui m’avait paru positif et encourageant, je suis plus que déçue par votre immobilisme face aux urgences que je vous ai présentées, vous qui n’avez pas perdu une seconde pour dégainer en faveur des chasseurs… Aujourd’hui, je vous demande de vous mettre En Marche pour les animaux ! L’attente sociétale n’a jamais été aussi forte et les Français ne comprennent pas votre inaction.
Ma Fondation dévoile aujourd’hui même des images inédites, tournées à l’abattoir de Rodez, qui soulèvent le cœur et montrent toute l’horreur de l’abattage sans étourdissement. L’abattoir ne sera jamais un lieu de « bien-être » animal, c’est une évidence, mais nous avons le devoir de limiter autant que possible et sans délai la souffrance, l’épouvante, l’agonie des animaux égorgés à vif.
Sur ces images, tournées il y a deux mois à Rodez, nous ne dénonçons pas d’infraction particulière, juste l’horreur quotidienne et la souffrance des bêtes égorgées en pleine conscience. Nous avons demandé à un vétérinaire de commenter ces images, son témoignage est sans appel :
« Ces enregistrements laissent apparaître des signes de souffrances multiples, à savoir l’abattage lui-même, qui consiste à trancher la trachée, les veines jugulaires et les carotides alors que l’animal est conscient, source de douleur ; puis le flot de sang s’écoulant des artères vers l’appareil respiratoire, occasionnant un étouffement de l’animal qui cherche désespérément sa respiration. De plus comme le montrent les vidéos, l’agonie dure plusieurs minutes occasionnant ainsi pour l’animal un stress supplémentaire. »
Tous les témoignages scientifiques vont dans ce sens, de la Fédération Vétérinaire Européenne : « du point de vue de la protection des animaux et par respect pour l’animal en tant qu’être sensible, la pratique consistant à abattre les animaux sans étourdissement préalable est inacceptable, quelles que soient les circonstances » ; à l’EFSA : « des coups destinés à provoquer une saignée rapide engendrent d’importantes destructions de tissus dans des zones fortement innervées. La baisse de tension rapide qui suit l’hémorragie est nettement ressentie par l’animal conscient et entraîne terreur et panique. L’animal conscient, souffre aussi quand son sang se répand dans sa trachée ».
L’INRA relève la longue agonie des bêtes abattues sans étourdissement : « chez les veaux et les bovins adultes, on observe une grande variabilité dans la perte de conscience des animaux, avec des extrêmes de 8 secondes à 11 minutes ».
L’abattage sans étourdissement est aujourd’hui interdit en Autriche, en Suisse, en Norvège (2009), en Slovénie (2012), en Islande (2013), au Danemark (2014), en Belgique, dans les régions wallonne et flamande (2019)… Qu’attend la France ?
La réglementation, européenne et nationale, exige l’étourdissement des bêtes avant leur abattage. La dérogation prise en France par décret, pour l’abattage halal et kasher, doit être abrogée… vous en avez le pouvoir !
Monsieur le Président, il n’est plus temps de tergiverser sur la question, de se renvoyer la balle indéfiniment, regardez les images que nous dévoilons aujourd’hui, elles sont scandaleuses, choquantes, indignes et inacceptables d’un pays comme la France qui se prétend civilisé.
Vous avez abandonné votre engagement d’équiper les abattoirs de caméras de contrôle, cela ne vous honore pas, mais vous ne pouvez plus tolérer que l’intolérable se produise, chaque jour en France, dans ces lieux de souffrance et de mort.
Je vous demande, Monsieur le Président, de faire que la France rejoigne les pays qui imposent l’étourdissement des bêtes en toute circonstance lors de leur abattage. C’est une question de dignité, de devoir aussi, limiter la souffrance des animaux lors de leur abattage est un minimum. Vous avez tout accordé aux chasseurs, rééquilibrez la donne en appliquant, sans dérogation et sans délai, la réglementation européenne qui exige l’étourdissement des animaux au moment de leur mise à mort…
Puis-je encore compter sur vous ?
Brigitte Bardot
Présidente"
Source: Le Parisien
Crédit Photo: Courtoisie