Une fillette de 9 ans violée par d'autres enfants dans un centre de jeunesse au Québec
Un juge blâme les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw pour avoir failli quant à la protection d'une fillette de 9 ans qui aurait été agressée sexuellement à plusieurs reprises.
Les agressions se seraient produites il y a deux ans alors que la fillette avait été prise en charge par les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw à Dorval. La fillette nécessitait un encadrement spécial, étant donné qu'elle était demeurée gravement traumatisée en raison de la négligence de sa mère et de son beau-père.
La fillette avait été transférée d'un foyer à l'autre jusqu'à ce qu'elle soit localisée dans un foyer réservé aux enfants de 10 à 14 ans.
Selon ce que rapportent les autorités, la fillette aurait subi des agressions sexuelles à trois reprises entre novembre 2016 et août 2017. Ses agresseurs seraient deux jeunes garçons.
Le premier des deux agresseurs serait un garçon de 10 ans qui, après avoir subi des abus, aurait été placé dans la même unité que sa victime. Ce dernier aurait agressé la victime dans sa chambre à coucher.
Des membres du personnel ainsi que des thérapeutes auraient été informés de l'agression, mais ceux-ci ne seraient pas parvenus à localiser la fillette ailleurs. Quelques mois plus tard, un autre garçon de 11 ans aurait agressé la jeune victime dans une salle de bain.
Le juge Jacques A. Nadeau, de la Chambre de la jeunesse, ne s'est pas gêné pour émettre de vives critiques à l'égard de la DPJ en émettant un blâme "pour sa façon de gérer ce dossier". Le magistrat a indiqué: "Le droit de la fillette à évoluer dans un environnement sécuritaire, protecteur et sécurisant [...] a à l'évidence été violé dans ce dossier."
Pour sa part, la patronne sortante de la DPJ de l'Ouest-de-L'Île, Assunta Gallo, a expliqué «qu'il y [avait] eu un manque de supervision et un manque de compréhension des protocoles de sécurité pendant les trois incidents".
L'avocate de la victime, Marie-Josée Ayoub, s'est toutefois montrée satisfaite de la réaction du juge, qui a notamment ordonné que la fillette puisse désormais profiter d'un "shadow", soit un éducateur dédié spécifiquement à celle-ci: "Je suis satisfaite parce que l'enfant est protégée, mais je crois qu'on aurait pu éviter tout ça. Surtout que la DPJ connaissait les antécédents des enfants qui vivaient avec elle."
Dans son jugement, le juge Nadeau a pointé du doigt le roulement de personnel au foyer où se trouvait la victime. Selon le magistrat, cette situation a profité aux agresseurs, car de nombreux employés qui n'étaient pas réguliers "ne sont clairement pas aussi informés des détails des dossiers des enfants".
Enfin, Josée Asselin, porte-parole syndicale pour l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), n'a pas caché qu'elle n’était aucunement surprise par cette situation: "Ça ne me surprend pas du tout. C'est un milieu extrêmement difficile, un milieu où il y a des agressions de toutes sortes. [...] Les gens ont besoin d'être formés spécifiquement pour travailler là, ce qui n'est pas actuellement le cas [...] Il faut s'assurer d'avoir la formation adéquate pour y travailler, et c'est à ce moment-là qu'on va s'assurer d'avoir une stabilité : on se sent à l'aise d'y travailler, on va travailler avec des gens expérimentés."
Source: CTV News
Crédit Photo: Courtoisie