« J’ai honte d’être Russe. J’ai mal, j’ai peur, je me sens impuissant. »
Un reportage de Radio-Canada a révélé que les journalistes en Russie doivent assister de façon impuissante à l'invasion de l'Ukraine par leur pays.
C'est la journaliste de Radio-Canada, Émilie Dubreuil, qui s'est entretenue avec trois de ses collègues de la Russie. L'une d'elles, Anna, a confié que Vladimir Poutine n'avait pas seulement déclaré la guerre à l'Ukraine, mais aussi à ses propres citoyens: "Mon pays a disparu. Pour moi, il n’existe plus. Poutine a non seulement déclaré la guerre à l’Ukraine, mais à la Russie elle-même. C’est une double guerre."
Selon ce qu'a indiqué un autre journaliste nommé Nicolaï, tous les individus qui sont considérés comme étant des intellectuels sont perçus comme une menace au gouvernement. Ainsi, les intellectuels, les journalistes et les progressistes craignent tous d'être sous écoute ou d'être arrêtés.
Nicolaï a expliqué que ses collègues russes vivent constamment dans la peur: "J’ai des collègues d’un journal de la région de l'Oural qui ont osé publier en une dénonciation de la guerre. La police a investi leurs locaux et saisi les exemplaires du journal. Les journalistes qui osent écrire les mots « guerre » ou « invasion » s’exposent à des peines de prison de 15 ans. [...] J’ai honte d’être Russe. J’ai mal, j’ai peur, je me sens impuissant."
Tandis qu'Anna et Nicolaï ont préféré ne pas révéler leur identité, le journaliste Alexander Pumpyansky a accepté pour sa part de s'afficher, et ce, en sachant très bien que tôt ou tard, cette décision pourrait lui attirer de graves ennuis: "Cela pourra devenir dangereux. Le régime se crispe et quiconque ose parler pourrait être déclaré ennemi du régime, comme au temps de l’Union soviétique. [...] Nous allons devenir le paria du monde. Cela aura des conséquences fatales pour les Russes et la Russie."
Enfin, M. Pumpyanasky n'a pas caché qu'il était très inquiet du sort de la Russie en déclarant: "Nous vivons actuellement un cauchemar. Nous sommes embarqués, malgré nous, dans un train qui fait marche arrière et recule dans l’histoire vers l’obscurantisme de l’URSS. [...] La propagande, à l’époque, ressemblait beaucoup à celle d’aujourd’hui. On nous disait que les Tchèques réclamaient une intervention de l’URSS pour sauver l’idéal communiste, que ce n’était pas une invasion, que les Tchèques étaient heureux de nous voir arriver pour les sauver."
Source: ICI Radio-Canada