Gilbert Rozon brise le silence après son acquittement pour viol et attentat à la pudeur
Gilbert Rozon a été acquitté, mardi, des chefs d'accusation de viol et d'attentat à la pudeur qui pesaient contre lui pour des événements survenus à Saint-Sauveur en 1980. La décision rendue par la juge de la Cour du Québec Mélanie Hébert a eu l'effet d'une bombe sur les médias sociaux alors que de nombreuses personnalités publiques ont exprimé leur déception et leur perte de confiance envers le système de justice, en ce qui touche aux violences à caractère sexuel.
L'ancien magnat de l'humour a quitté le Palais de justice de Montréal sans s'adresser aux journalistes, après la lecture de la décision. Il a été rejoint par l'Agence QMI, mercredi, et il a affirmé que le moment de parler n'était pas venu pour lui.
Lorsque l'Agence QMI a réussi à le rejoindre par téléphone, Gilbert Rozon s'est faire avare de commentaire. Il a tout de même affirmé:
« Ce n’est pas le moment de parler pour moi. Je ne crois pas que je vais faire d’entrevues, en tout cas, pas avant un très bon bout de temps. Je verrai, dans quelques semaines, comment je me sens. Je pense que le mouvement "Wake up calice" et ces gens-là vont vous parler plus facilement que moi. »
La plaignante au procès, Anick Charette, s'est pour sa part adressée aux médias à la sortie de la salle d'audience, affirmant qu'il s'agissait d'une journée sombre pour les victimes d'agression sexuelle.
« Je pense que ce mardi 15 décembre va rester un jour sombre pour toutes les victimes d'agression sexuelle au Québec. Je pense que je suis un autre exemple des limites du système en matière de violence sexuelle. Il faut entendre les mots du jugement, je suis crédible, elle ne croit pas son jugement, mais il sort libre comme l'air.
Je déplore profondément que les mythes et les stéréotypes d'une autre époque qui ont largement été étayés dans les arguments de la Défense aient pu trouver écho auprès de la Cour. C'est un message bien négatif qu'envoie la Justice aux victimes.
Un autre de mes constats aura été que le système judiciaire actuel ne met pas les victimes de violence à caractère sexuel au centre des procédures. L'encourageant vent de changement que l'on ressent dans notre société ne se traduit malheureusement pas dans le parcours d'une victime dans le système judiciaire.
Le système établit des attentes élevées au chapitre de la performance de la victime à travers le processus, surtout dans son témoignage. Il est indéniablement nécessaire que les victimes soient mieux accompagnées et informées, et ce même avant de faire une première déclaration à la police.
Les ressources financières et humaines manquent au sein des organismes de terrain comme Juripop et les CAVACS pour faire un travail d'accompagnement capital auprès des victimes.
Bien que je sois reconnaissante envers les enquêteurs et procureurs qui m'ont accompagnée tout au long de cette croisade, ce processus représente une tempête dans un univers inconnu qui ravive les traumatismes vécus et génère un fort sentiment d'impuissance. »
Source: TVA Nouvelles · Crédit Photo: Radio-Canada