Jay du Temple en couverture du Elle Québec: une décision qui dérange la communauté LGBTQ+
Jay Du Temple fait énormément parler de lui depuis qu'il a été choisi comme animateur de la nouvelle mouture d'Occupation Double sur les ondes de V (désormais Noovo), il y a déjà quelques années de cela. L'humoriste devenu animateur a fait couler de l'encre pour le ton utilisé auprès de certains candidats, pour son attitude dans les souper d'élimination, pour les rumeurs entourant sa vie amoureuse, pour sa longue crinière, pour son spectacle au Centre Bell au cours duquel il s'est rasé les cheveux dans le cadre du Défi Têtes rasées...
Mais au cours des derniers mois, le beau Jay fait parler de lui pour d'autres raisons. Beaucoup plus assumé, il n'hésite pas à prendre position dans des débats de société comme la vague de dénonciations qui a frappé le Québec l'été dernier et le mouvement observé chez des milliers d'étudiants à travers le Québec qui ont manifesté contre le code vestimentaire genré dans les écoles, alors qu'on a vu des filles porter la cravate et des garçons porter la jupe pour demander plus d'équité.
Il a également commencé à porter du vernis à ongles, des robes et à redéfinir l'identité de genre. Tout ça a culminé il y a quelques jours alors que le prestigieux magazine Elle Québec a décidé de le placer sur sa page couverture pour parler de masculinité non-toxique.
La décision a été applaudie par plusieurs, mais elle a également valu au magazine quelques critiques. Dans un article publié vendredi par Le Devoir, des membres de la communauté LGBTQ+ affirment que par son choix, le magazine a en quelque sorte dérobé la révolution du genre à la communauté LGBTQ+.
L'autrice trans Pascale Bérubé affirme notamment: « Pourquoi emprunter un style queer pour présenter un homme masculin non toxique ? Pourquoi ne pas choisir quelqu’un de la communauté LGBTQ+ pour incarner ce style ? »
Elle ajoute: « On risque de perdre la notion réelle de la non-binarité et arrêter de se questionner sur la symbolique derrière un choix de vêtement. »
Alexandre Cholette, un homme homosexuel qui travaille dans l'industrie du marketing affirme pour sa part:
« On glorifie son geste, sa façon de s’habiller et de casser les codes, mais il n’est pas le premier à le faire. Beaucoup sont passés par là avant lui, des personnes pour qui ce n’est pas un jeu, mais bien l’affirmation d’une identité qui leur a valu d’être critiquées et discriminées. C’est à ces personnes qu’on devrait donner plus de visibilité. »
Pascale Bérubé et Alexandre Cholette félicitent tout de même Jay Du Temple pour son ouverture et son courage qui lui permet de sortir du cadre et de démocratiser les questions d'identité non binaire. Ils estiment toutefois que pour une une question comme celle-ci, ça aurait pu être pertinent de ne pas prendre un homme blanc hétérosexuel pour en faire le porte-étendant de la cause.
Source: Le Devoir · Crédit Photo: Elle Québec/Noovo