«On n'a plus le droit de parler ou de faire circuler des idées», dénoncent des médecins
Alors que le personnel soignant est en première ligne au cours de la crise sanitaire que nous sommes en train de vivre, des médecins québécois déplorent qu'il soit difficile de se faire entendre par la santé publique.
C'est Radio-Canada qui rapporte cette nouvelle qui devrait faire le tour de la province. En effet, des médecins québécois déplorent qu'il soit difficile de se faire entendre par la santé publique en cette période de crise sanitaire. Pour exprimer leurs points de vue sur la situation, certains n'ont pas d'autres choix que de se tourner vers les médias traditionnels ou les réseaux sociaux avec toutefois la crainte de se faire réprimander par le Collège des médecins si leurs propos ne sont pas en accord avec leur Code de déontologie.
Radio-Canada rappelle d'ailleurs qu'en juin dernier le Collège des médecins a envoyé une note portant notamment sur l’article 89 du Code de déontologie qui stipule que le médecin doit émettre des opinions qui sont conformes aux données actuelles de la science médicale sur un sujet en question. Un geste étonnant selon le Dr Jean-François Chicoine. «On a été surpris parce que parfois on reçoit ça individuellement, mais là c'était publiquement annoncé. On a été inquiets aussi parce que ça donne l'impression qu'on n'a plus le droit de parler ou de ne plus exprimer et faire circuler des idées».
Résultats? Certains médecins se sont résolus à ne plus s'exprimer sur certains sujets afin d'éviter des répercussions néfastes sur leurs carrières respectives, indique Radio-Canada. «Des gens qui sont brillants et qui pourraient contribuer à la société vont préférer se taire que de risquer d’être sous enquête ou avoir une réprimande», a confié à la chaîne de télévision la Dre Annie Janvier, pédiatre, éthicienne clinique, professeure et chercheuse au CHU Sainte-Justine.
Un médecin, qui a préféré garder l'anonymat, a confié à Radio-Canada qu'il a le sentiment que c'est «interdit de contredire publiquement la santé publique». Une opinion que d'autres médecins québécois partagent, mais qu’ils ne souhaitent pas exprimer publiquement par peur d'éventuelles répercussions sur leurs carrières. «Il n’y a pas de consensus scientifique et tout ça devrait être ouvert au débat sur la place publique», estime ce médecin.
Source: Radio-Canada · Crédit Photo: Adobe Stock