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«Si on avait voulu propager le virus, on n'aurait pas pu faire mieux»

Par NTD

Des agences de placement ont envoyé des migrants dans des CHSLD en zone rouge alors qu'ils étaient mal formés et que certains d'entre eux n'étaient pas en mesure de comprendre le français.

C'est Radio-Canada qui rapporte cette nouvelle qui va sans doute susciter de nombreuses réactions à travers la province. Alors que la crise sanitaire a frappé de plein fouet les résidences pour aînés, on commence à en savoir davantage les raisons qui ont conduit à un tel désastre. Avec son enquête, la chaîne de télévision indique que plusieurs agences de placement mal attentionnées sont en partie responsables de la situation puisqu'elles envoyaient des migrants dans des CHSLD en zone rouge alors qu'ils étaient mal formés et que certains d'entre eux comprenaient à peine le français.

Ajoutés à ça, ces migrants étaient «baladés» de CHSLD en CHSLD. Radio-Canada s'est entretenue avec une demandeuse d'asile dont les propos illustrent bien la situation. «Je peux faire au moins deux ou trois CHSLD dans une semaine», a expliqué celle qui a souhaité garder l'anonymat. «Quand un milieu se stabilise, alors on envoie les travailleurs d’agences où ça crie pour calmer le jeu», a de son côté souligné un gestionnaire d’un CISSS de la région de Montréal.

Des pratiques qui ont conduit à la propagation du virus et qui ont donc mis en danger la vie de ces travailleurs, mais aussi celle des personnes vivant dans ces résidences pour aînés. «Des agences envoyaient leurs travailleurs à gauche et à droite, ils ont eu le temps de faire des contaminations», a raconté à Radio-Canada le propriétaire du CHSLD Résidence du bonheur de Laval. «Il y a eu un laisser-aller au niveau des agences, surtout à la fin mars-début avril», a-t-il ajouté. «Si on avait voulu propager le virus, on n'aurait pas pu faire mieux», résume Aline Lechaume, professeure à l’Université Laval.

Si le réseau de la santé à l'habitude de faire affaire avec des agences de placement, Radio-Canada indique que certains établissements font appel aux services d'agences opportunistes qui ont contribué à créer ce chaos.«On voit maintenant des agences qui poussent comme des champignons. Il y en a qui n’ont pas de frais fixes et dans six mois vont disparaître», explique Jean-François Désilets, PDG de l’agence Code Bleu. «Il y a des corrects, mais aussi des crapuleux», précise Stéphan Reichhold, le directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes.

Pour éviter que des agences peu scrupuleuses profitent de la détresse des travailleurs migrants, la CNESST a indiqué qu'elle allait prendre les mesures nécessaires. «Dans le cadre de la reprise des activités économiques au Québec, la CNESST amorcera des vérifications de ces nouvelles dispositions et entend ainsi assurer un encadrement serré du réseau des agences», a déclaré son porte-parole, Nicolas Begin.

Source: Radio-Canada · Crédit Photo: Adobe Stock