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La capacité de mutation du coronavirus pourrait avoir été sous-estimée, selon une étude

Par NTD

Alors que le coronavirus continue de se propager à l'échelle internationale, une étude vient de jeter le doute en affirmant que la capacité de mutation du coronavirus a été sous-estimée et que le virus qui circule actuellement en Europe pourrait être plus virulent que celui d'origine.

C'est 20 minutes qui rapporte cette nouvelle inquiétante qui est en train de faire le tour du monde. En effet, une nouvelle étude chinoise a jeté un vent de panique chez les internautes en affirmant que la capacité de mutation du coronavirus a été sous-estimée et que le virus qui circule actuellement en Europe pourrait être plus virulent que celui d'origine. Cette étude menée par Li Lanjuan, une épidémiologiste chinoise à la réputation aguerrie a observé 33 mutations du coronavirus chez 11 patients localisés dans la ville de Hangzhou, située dans la province du Zhejiang.

20 minutes indique que la conclusion principale de cette étude repose sur le fait que le virus est devenu bien plus dangereux que lors de son apparition et que donc sa capacité de mutation a été sous-estimée. Le quotidien rapporte les propos du "South China Morning Post" qui dresse un constat géographique de la mutation du virus. «Les mutations les plus meurtrières chez les patients du Zhejiang avaient également été trouvées chez la plupart des patients en Europe, tandis que les souches les moins virulentes sont les variétés prédominantes trouvées dans certaines parties des États-Unis, comme l’État de Washington».

Le plus inquiétant dans cette étude, c'est que les résultats trouvés pourraient avoir des répercussions sur l'éventuel vaccin ou traitement, souligne 20 minutes. «Le développement de médicaments et de vaccins, bien qu’urgent, doit prendre en compte l’impact de ces mutations accumulées (...) «Certaines des mutations observées pourraient en effet rendre un vaccin moins efficace si elles n’étaient pas prises en considération». Toutefois, le quotidien précise qu'il est important de prendre les résultats de cette étude avec des pincettes parce qu'elle n’a pas encore été validée par la communauté scientifique. 

François Renaud, chercheur du CNRS au laboratoire «maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle», s'est exprimé sur le sujet et n'y est pas allé par quatre chemins. «On découvre seulement de quoi il s’agit, il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions sur ce nouveau virus (...)  Bien sûr que les virus mutent, tout le vivant est en mutation, sinon, on ne serait pas là (...) Cette étude, qui réduit l’être humain à une culture cellulaire, est trop caricaturale et ne démontre pas que le virus est plus virulent. Il y a de multiples combinaisons possibles».

Il est donc encore bien trop tôt pour tirer des conclusions objectives sur cette étude qui à part faire paniquer les internautes n'a pas réussi grand-chose. D'ailleurs les propos de Bastien Castagneyrol, chercheur à l’Inrae, résument bien la situation. «Ce qui se passe en ce moment, c’est que les articles sont mis en ligne avant l’étape de relecture. Les auteurs mettent à disposition du public un travail qu’ils considèrent comme abouti, mais c’est un travail qui n’a pas encore été évalué par la communauté scientifique. Ce n’est pas la version finale à laquelle l’on peut faire confiance».

Source: 20 minutes · Crédit Photo: Adobe Stock