CHSLD: un véritable «film d'horreur», un «camp de concentration»

Des patients la couche souillée depuis plusieurs jours, affamés et assoiffés. Des aînés qui vivent dans des conditions d'insalubrité. Les conditions dans lesquelles vivaient les patients du CHSLD Herron à Dorval étaient un véritable « film d'horreur », ont appris La Presse et Montreal Gazette. 

« Il y avait (deux) patients morts dans leur lit. Leur mort n'a pas été reconnue. Il y avait des patients qui étaient tombés par terre. Il y avait des patients qui n'avaient pas reçu de soins de base depuis plusieurs jours, des couches qui n'avaient pas été changées depuis trois ou quatre jours, des excréments qui recouvraient leur peau et des patients qui n'avaient pas été nourris », a raconté une source anonyme à Montreal Gazette, ajoutant que cela ressemblait à un « camp de concentration »

Des infirmières ont découvert un patient portant trois couches remplies de matières fécales qui suintaient. Des patients étaient tellement déshydratés qu'ils ne pouvaient plus parler. 

À cause de la pandémie de la COVID-19, le personnel ne voulait plus se présenter au travail. 

« Tout le monde avait déserté, c’était la débandade. Ils manquaient déjà de monde avant la crise. Avec la COVID, ça a éclaté », a confié l'un des employés sous le couvert de l'anonymat à La Presse. 

Peter Wheeland a raconté l'horreur que sa mère de 87 ans, une patiente du CHSLD Herron, a vécu : 

« Avant que le CIUSSS intervienne, ma mère m’a raconté qu’elle attendait pour qu’on la sorte du lit et qu’on l’installe dans sa chaise roulante, mais personne n’était là. Apparemment, il y avait deux employés pour tout l’étage. C’est peut-être une soixantaine de patients, des gens qu’il faut aider à manger et dont il faut changer les couches », a-t-il raconté. « Son sac d’urine avait éclaté. L’urine était renversée sur le plancher et le cathéter continuait de s’égoutter sur le sol. »

Une infirmière du centre hospitalier de St. Mary voulait transmettre un résultat positif de la COVID-19 d'une patiente, mais le téléphone ne faisait que sonner dans le vide, d'après le quotidien Montreal Gazette. Aucun membre du personnel ou de la direction n'a répondu à son appel. Elle aurait donc alerté la Direction de santé publique.

Au moins deux décès du CHSLD Herron sont liés à la COVID-19, mais d'autres décès sont présentement sous investigation. Selon Montreal Gazette, 27 personnes seraient décédées dans les deux dernières semaines.

Sam Choueiri, le président du Groupe Katasa, qui possède la résidence, a déclaré que « personne n’était prêt pour une telle chose » dans un courriel envoyé aux familles.

Les autorités sanitaires sont finalement intervenues au CHSLD Herron de Dorval et l'établissement a été mis sous tutelle. 

« Nous pouvons vous dire qu’aujourd’hui le CIUSSS de l’Ouest est en contrôle de la situation. Nous avons dépêché des cadres supérieures, des gestionnaires de site sur place », a assuré le porte-parole du CIUSSS Ouest-de-l'Île-de-Montréal, Jason Patuano, à TVA Nouvelles, vendredi.   

« Nous avons également comblé au-delà de 139 quarts de travail par des employés du CIUSSS Ouest-de-l'Île-de-Montréal. Je veux les remercier, car sans eux ça ne serait pas possible de faire évoluer cette situation de manière positive. »   

Source: La Presse, Montreal Gazette et TVA Nouvelles · Crédit Photo: Adobe Stock