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L'eau potable de Montréal, pire que celle de Flint pendant la crise?

Par NTD

Le Devoir, l’Institut du journalisme d’enquête de l’Université Concordia, Global News et le Toronto Star ont réunis leurs efforts afin de mener une vaste enquête sur la qualité de l'eau potable au Canada. Au total, ce sont 120 journalistes de 9 universités et 10 médias qui ont examiné plus de 79 000 analyses d'eau et 800 réponses d'accès à l'informations dans 33 villes canadiennes. Et les résultats sont loin d'être rassurants. 

La ville de Flint au Michigan (États-Unis) a traversé une crise de l'eau potable en 2015 en raison des niveaux de plomb élevés dans l'eau. La ville a vécu une véritable crise de santé publique quand la ville a changé la source d'approvisionnement de l'eau et 12 personnes sont mortes de la légionellose après avoir consommé de l'eau contaminée. 

D'après la vaste enquête dont les résultats ont été rendus publics ce lundi, le niveau de plomb dans l'eau à Montréal serait comparable à celui de la ville de Flint au plus fort de la crise de 2015. 

« Je comprends que les responsables de l’eau potable [au Canada] soient réticents à être comparés à une situation terrible comme celle-là, avec un mauvais traitement et une mauvaise distribution de l’eau. Mais le fait est que l’on parle de niveaux de plomb similaires », a expliqué Michèle Prévost, titulaire de la Chaire industrielle en eau potable à l’École polytechnique de Montréal, dans une entrevue accordée au Devoir.

Selon les tests effectués, Montréal a une moyenne de 7,3 parties par milliard (ppb) après cinq minutes d’écoulement contre 7,6 ppb à Flint après trois minutes d'écoulement. 

« Si c’était une ville américaine, cela ne serait pas autorisé. La Ville serait obligée d’instaurer une forme de contrôle de la corrosion », a expliqué Marc Edwards, professeur à l’Université Virginia Tech, qui a contribué à exposer la crise de l’eau à Flint. « Les échantillons à Montréal après cinq minutes d’écoulement sont pires que ceux après trois minutes d’écoulement à Flint puisque vous laissez couler l’eau plus longtemps, mais vous obtenez tout de même plus de plomb. »

À Gatineau, les moyennes varient de 3,1 à 3,9 ppb à Gatineau contre 4,7 ppb à Flint après cinq minutes d'écoulement.  « Si vous trouvez du plomb après cinq minutes d’écoulement, alors il y a une menace à la santé publique très, très significative », a souligné Marc Edwards.

« Les cas de Montréal et de Flint sont très différents », a défendu Chantal Morissette, directrice du Service de l’eau à la Ville de Montréal. « À Montréal, l’eau est sécuritaire. L’eau qui vient de l’usine de traitement est d’excellente qualité. L’eau qui est dans les tuyaux est excellente. C’est seulement quand elle passe dans les conduites en plomb et, oui, certains résultats sont élevés. »

La ville de Gatineau n'a pas voulu réagir à ces résultats et à la comparaison avec la crise de Flint. 

Pour en savoir plus sur la situation, nous vous encouragerons à lire le dossier complet du Devoir : 

Du plomb de Flint à Saskatoon (qui comprend un tableau des villes canadiennes)

Plomb dans l'eau: l’Ontario un modèle, le Québec un cancre

Cinq provinces, cinq crises

La Ville de Montréal a revu récemment son plan pour changer les tuyaux en plomb de plusieurs résidences sur l'île. 

Source: Le Devoir

Crédit Photo: Wikicommons