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Formation de préposé aux bénéficiaires: expulsée pour avoir critiqué le programme dans les médias?

Par NTD

Une aspirante préposée aux bénéficiaires a déclaré avoir été expulsée de sa formation après avoir critiqué le programme dans les médias.

Selon ce qu'a révélé l'aspirante préposée nommée Marie-Anne Goupil, c'est la semaine dernière qu'elle a été informée de la situation, au lendemain de la publication d'un article de journal dans lequel elle avait critiqué le programme.

Alors que l'étudiante était en formation depuis juin, celle-ci a appris que son parcours scolaire s'arrêterait là et elle se dit convaincue que c'est en raison des propos qu'elle tenus dans l'article de journal.

La femme de 51 ans, qui travaillait dans la vente, a décidé de se réorienter professionnellement à la suite du confinement en s'inscrivant à la formation rémunérée de trois mois pour devenir préposée aux bénéficiaires (PAB).

Mais tandis qu'elle était toujours en formation, elle a été envoyée dans un CHSLD de la Montérégie pendant le quart de nuit dès ses premiers jours de stage et celle-ci ne s'est pas gênée à critiquer le fait qu'on l'avait laissée seule à plusieurs moments.

Dans une entrevue qu'elle a accordée à La Presse, Marie-Anne Goupil a affirmé: "Mes lunettes roses sont tombées. J’ai senti que j’étais là pour boucher un trou. Dans ma tête, je n’étais pas là pour remplacer ceux qui sont partis, mais pour venir ajouter aux effectifs, pour alléger les ratios. [...]  On nous stressait beaucoup avec le temps. Fallait tout faire très vite. Il a fallu que je me batte pour prendre mon temps pour donner un bain à quelqu’un. J’ai choisi de devenir préposée pour que l’humain soit au cœur de mes préoccupations, prendre le temps de créer des liens avec l’autre."

Du côté du Centre de services scolaire de la Vallée-des-Tisserands, qui est responsable de la formation, l'organisation n'a pas voulu commenter publiquement la situation: "Nous spécifions toutefois que la fin de sa participation au programme n’est aucunement liée à l’article paru dans Le Devoir."

Marie-Anne Goupil qui nous dit merci (c'est partag\u00e9 avec sa permission)\n\nJe lui ai envoy\u00e9 une photo du montant qu'on a...Posted by Organisation structurelle coconstruite de lo praticienxe r\u00e9flexixe on Thursday, August 27, 2020

Le CISSS de la Montérégie-Ouest a assuré pour sa part que la raison expliquant le renvoi de Marie-Anne Goupil lui a été clairement expliquée: "Lors des stages de formation, certains membres du personnel manquaient à l’appel pour cause de vacances, il se peut qu’occasionnellement, le ratio de pairage un préposé pour un étudiant a été un préposé pour deux étudiants, mais une équipe de soins est toujours disponible pour venir en soutien aux stagiaires. [...] Le CISSS n’a pas pour objectif de bâillonner le personnel. Dans un cas où les propos tenus sont diffamatoires ou haineux, ce qui n’est pas le cas dans la présente situation, un processus de gradation disciplinaire pourrait s’appliquer."

Enfin, Marie-Anne Goupil a conclu en déclarant: "Au Canada et au Québec, le droit de parole existe. J’ai juste verbalisé des craintes et des commentaires. Je n’ai pas envoyé des photos du CHSLD et des résidants. [...] Je ne fais pas pitié, je ne me sens pas comme une victime. Mais je trouve ça plate parce que le système nous impose de nous taire quand on émet des critiques à nos collègues."

Source: La Presse · Crédit Photo: Capture d'écran